E' apparso un articolo ieri, sul quotidiano francese Le Monde, a firma di Fabio Gambaro, dal titolo "La narrativa francese seduce gli italiani". Come dargli torto? L'eleganza del riccio di Muriel Barbery, un caso editoriale in Francia, qui in Italia ha superato le 100.000 copie ed è ben saldo ai primi posti delle classifiche. Fabio Gambaro, dopo aver preso in esame i più importanti romanzi francesi pubblicati in Italia negli ultimi mesi, si interroga con Sandro Ferri sui motivi per cui la narrativa francese ci piace così tanto.
La fiction française séduit les Italiens
Avec quatre fois plus de traductions de l'anglais que du français, la littérature anglo-saxonne reste largement prédominante en Italie. Pourtant, dans les librairies, la surprise de cet automne s'appelle Muriel Barbery. Son roman, L'Elégance du hérisson, réimprimé à plusieurs reprises, a déjà atteint les 100 000 exemplaires et caracole en tête des ventes depuis des semaines. Ce succès confirme l'intérêt croissant du public de la péninsule pour la littérature française et pousse les éditeurs italiens - qui ont longtemps sous-estimé le roman hexagonal - à prospecter avec une plus grande attention le marché de l'autre côté des Alpes.
"Actuellement les éditeurs italiens sont les plus attentifs et les plus réactifs au marché français, ils achètent beaucoup et font souvent de très bonnes offres", confirme un agent littéraire travaillant pour Rizzoli et Sonzogno. Ces deux maisons viennent d'acheter les droits de traduction du Dernier frère de Nathacha Appanah (L'Olivier) et de Derniers fragments d'un long voyage de Christiane Singer (Albin Michel). Deux contrats de plus parmi les nombreux signés ces derniers temps. Bompiani, par exemple, s'est adjugé A l'abri de rien, d'Olivier Adam (L'Olivier) et L'Aube le soir ou la nuit de Yasmina Reza (Flammarion), tandis que Mondadori a acheté No et moi (Lattès) de Delphine de Vigan et Ponte alle Grazie Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel (Stock).
Dans le passé, les éditeurs italiens ont souvent reproché au roman français d'être trop nombriliste et sophistiqué. Il n'était pas rare de les entendre dire sans hésitation que "la littérature française ne se vend(ait) pas". Les succès de quelques auteurs aussi différents que Daniel Pennac, Michel Houellebecq, Amélie Nothomb ou Fred Vargas ont fini par avoir raison de ces a priori, même si, encore récemment, dans un supplément du Corriere della Sera, Antonio D'Orrico, l'un des critiques littéraires les plus influents du pays, accusait les romanciers français contemporains d'être "nuls".
Un avis que ne partage pas Sandro Ferri, l'heureux éditeur de Muriel Barbery chez e/o, qui vient également d'acheter les derniers ouvrages d'Eric-Emmanuel Schmitt, Bernard Giraudeau et Nan Aurousseau. "La littérature française évolue, dit-il. Aujourd'hui, on y trouve beaucoup de romanciers qui savent s'éloigner de la vieille tradition intimiste, très littéraire et cérébrale, qui n'a jamais marché en Italie. Nos lecteurs aiment ces auteurs capables de raconter des histoires tout en gardant la richesse culturelle qui parfois manque aux auteurs anglo-saxons." Le fondateur des éditions e/o remarque par ailleurs que "les institutions françaises qui font beaucoup pour la promotion du roman en Italie continuent de concentrer les aides sur cette littérature "prise de tête", elles semblent arc-boutées sur d'anciennes habitudes et sourdes aux besoins d'éditeurs plus grand public".
L'actuel engouement pour le roman français s'explique aussi par le fait que les éditeurs italiens reviennent progressivement de leur obsession du marché anglo-saxon, où depuis toujours ils cherchent ces best-sellers qui font cruellement défaut à leur production nationale.
Pour les romans d'outre-Atlantique, la concurrence entre éditeurs est acharnée, et les enchères ont atteint des chiffres astronomiques. L'envolée des prix toutefois ne garantit pas toujours le succès, au point que certains éditeurs italiens commencent à dénoncer l'essoufflement du roman américain, trop formaté et moins en phase avec les attentes du public européen. Mieux vaut chercher de nouveaux talents sur les marchés moins chers du Vieux Continent. A commencer par la France, même si cette redécouverte risque d'aiguiser la concurrence, comme le craint Sandro Ferri : "Avant, on était peu nombreux à s'intéresser aux romans français ; aujourd'hui, toutes les maisons d'édition sont là. Le marché devient plus difficile et plus rapide. Les éditeurs français organisent des enchères et les prix risquent de monter vite."
Fabio Gambaro